Nous voici dans un nouveau volet de « Rencontre au cœur de J2S », dans lequel nous retrouvons aujourd’hui Maria et Julie pour un échange centré sur le monde de l’édition. Le travail de composition est très spécifique. Il y a des règles précises et son lot de problématiques.

Nous allons découvrir à travers les regards de Marie et Julie le travail de composition. Avant de commencer cet entretien, commençons par définir ce qu’est la composition.
Selon l’Académie française, la composition représente l’action d’assembler des caractères pour en former des mots, des lignes, des pages. (Voir la définition complète : https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9C3285)
En d’autres termes, il s’agit du travail de mise en page d’un livre.
Nous verrons aussi que la composition rassemble différents acteurs.

Découvrons maintenant les impressions de Maria et Julie.

Maria Rist et Julie Vandenberghe

Caroline : Pourriez-vous nous parler de votre expérience dans le domaine de l’édition ?

Maria : Dans une maison d’édition spécialisée dans la littérature de XVIe siècle, je m’occupais de la numérisation d’une de leurs collections : je mettais en place des instructions pour la structuration XML (Text Encoding Initiative ou TEI) des livres et vérifiais les XML créés par leurs prestataires. Je m’explique : pour une pièce de théâtre, il s’agit de délimiter les tirades d’un personnage, c’est-à-dire, annoter les stichomythies et les didascalies par exemple. Ces actions sont réalisées pour la mise en page et pour faciliter les recherches textuelles des chercheurs. Une didascalie peut être mise à la ligne, au sein d’un paragraphe, ou encore en italique.
Puis, j’ai rejoint une maison de composition spécialisée dans la mise en page automatisée. J’étais chargée de la structuration des textes et de l’informatique éditoriale (traitement des fichiers XML), de la création et modification de livres numériques (ePub). La plupart du temps, la mise en page des livres et la création des maquettes se fait sur InDesign.
J’ai aussi travaillé avec de grandes maisons d’éditions françaises. Je me suis principalement occupée des livres pour une maison d’édition de jeunesse, des livres spirituels et des revues (la revue Urbanisme, par exemple).

Julie : Pour ma part, je m’occupais de la correction et de l’enrichissement des ePub générés à partir de fichiers XML, dans une entreprise ayant principalement pour clients des éditeurs. J’ai également mis en place un processus de génération d’ePub à partir d’InDesign.
J’ai aussi été maquettiste pendant 8 ans pour une maison d’édition universitaire. Je me suis occupée de la mise en page des livres en version papier et numériques (PDF interactif et ePub) : stylage, correction orthotypographique, génération des fichiers XML, mise en page dans InDesign, retouche des illustrations, etc. Une fois le BAT du livre papier signé, l’ePub était généré à partir des fichiers XML et le PDF interactif à partir d’InDesign.
J’ai été intervenante professionnelle à l’Université de Lille (sciences humaines et sociales). J’ai donné des cours sur Adobe InDesign à des étudiants en deuxième année de master d’édition (coucou Maria 😃).

 

Caroline : Pouvez-vous décrire le cycle de composition [1] ?

Maria et Julie : La plupart du temps les employés de PAO, « metteurs en page » (pour Maria), maquettistes (pour Julie) communiquent avec le fabricant (Il est responsable du livre, de son format, de l’impression, du support de fabrication), l’éditeur et les traducteurs. Les metteurs en pages/maquettistes envoient une première version de la mise en page. Le fabricant, l’éditeur, les traducteurs soumettent les corrections et renvoient le document. Le metteur en page/maquettiste intègre les corrections dans la mise en page, vérifie les derniers détails (vérifications des pages creuses, pages pleines, règles typographiques…) et modifie à nouveau la mise en page en cas de besoin. Puis, soit le metteur en page/maquettiste envoie le BAT (Bon à tirer) à l’éditeur ou à l’imprimeur, soit c’est à l’éditeur de l’envoyer directement à l’imprimeur. Par la suite, l’imprimeur fait généralement un test d’impression. Il peut arriver que de nouvelles demandes de corrections soient demandées avant l’impression finale.

Exemple de pages :
La page de gauche est une page pleine [2] et celle de droite une page creuse [3] .

Caroline : Quelles problématiques rencontre-t-on lors de l’étape de composition ? Comment Simple Workspace peut les résoudre ?

Maria : Les enjeux se situent surtout au niveau de la mise en page et des cycles de corrections. Il faut savoir que, dans ce milieu, nous sommes limités par des choses physiques, concrètes : le nombre de pages, le papier, etc.
Il arrive que le nombre de pages d’un livre excède ce qui est prévu. Concrètement, un livre de 400 pages une fois mis en pages avec la charte du client peut en faire 480 ou plus. Le fait d’avoir plus de pages est problématique, car :

  • Le papier a souvent déjà été commandé ;
  • L’imprimeur va potentiellement décaler l’impression ou ne pas l’accepter ;
  • La couverture et le dos du livre ont déjà été imprimés (si le dos est trop petit, il ne pourra pas l’imprimer) ;
  • Il peut y avoir des problèmes de reliure (trop de pages pour un type de reliure) ;
  • L’unité d’impression est le cahier (souvent de 16 pages) et non la page unitaire. Il faut alors avoir un nombre de pages qui est un nombre pair, souvent un multiple de 16. Si ce n’est pas le cas, il risque d’y avoir beaucoup de pages vides à la fin du livre.

Grâce à la forte automatisation de Simple Workspace, l’éditeur peut voir l’impact de la composition sur le nombre de pages. Il pourra refaire la composition du livre et rattraper son retard dans la chaîne de fabrication. Les cycles de relectures et de corrections sont très chronophages ! « J’ai connu des clients avec lesquels nous avions jusqu’à 8 allers-retours, avec des demandes de corrections le matin à rendre pour le soir même ! » Simple Workspace réduit ces allers-retours, à l’aide de la prévisualisation des pages chaque intervenant peut avoir un rendu en temps réel du document, l’annoter, l’éditer en fonction de son rôle et/ou droits. Les échanges de mails sont réduits au minimum. Le processus archaïque qui consiste à imprimer, puis scanner les annotations manuscrites pour les renvoyer par mail dans un format difficile à exploiter n’a pas lieu d’être.

Julie : « Je rejoins Maria sur les problématiques qu’elle a soulevées en termes de temps et de « contraintes » du format papier. » Même une chaîne de composition basée sur le principe de single-source publishing [4](dont les fichiers XML sont la source des données), peut causer des problématiques d’intégration de doubles corrections.
En effet, une fois que les fichiers XML sont importés dans InDesign et que l’auteur a des corrections à cette étape, le maquettiste effectue les corrections dans InDesign pour la version papier et le PDF interactif, mais aussi dans les fichiers XML pour ensuite pouvoir générer l’ePub. Avec Simple Workspace et Book Generator, tout est centralisé : on peut corriger et annoter le document en ligne dans la plateforme et directement générer l’ePub. « De façon générale, l’automatisation de la mise en page, que ce soit pour produire des livres ou des catalogues requiert un important travail de préparation des données à fournir en amont, il faut être rigoureux ». Les données doivent être structurées et respecter une nomenclature définie, pour que la mise en page puisse se faire automatiquement. C’est finalement tout ce qu’il y a autour qui prend le plus de temps : la création du livre (l’imaginer, l’écrire…), le processus d’édition (dans le cas des livres universitaires par exemple, nous devons nous assurer que le contenu tienne la route scientifiquement, pour cela nous faisons appel à des experts du sujet qui viennent relire et commenter le texte), la promotion, etc. « In fine, je dirais que, lorsque l’on a une chaîne de composition bien claire et automatisée avec Simple Workspace, le temps à passer sur l’étape de mise en page est réduit à son maximum pour libérer du temps dans le processus global de production du livre. »

Caroline : Quels sont les projets qui vous ont marqué ?

Maria : J’ai beaucoup appris en produisant des livres numériques, notamment pour une grande maison d’édition française, en collaborant avec ses responsables numériques.
Toutefois, le projet le plus marquant concerne la mise en page des missels dans mon ancien poste. Ce fut une expérience très enrichissante. « Nous devions composer deux missels en même temps : un pour les hommes d’église pour le service de la messe et un autre pour les fidèles pour suivre la messe. Ces livres étaient composés de 1500 pages et de centaines de styles de caractères différents. Ce qui en faisait des ouvrages très complexes. » Je me souviens qu’une nouvelle traduction de la Bible a nécessité de rééditer tous les missels ce qui a engendré de grosses difficultés économiques liées aux coûts de production et d’impression. Dans l’édition tout comme dans d’autres domaines, il y a beaucoup de concurrence autrement dit le premier qui publie le livre gagne le marché ! Nous avions donc énormément de pression pour finaliser la mise en page des missels.
J’étais en relation directe avec la directrice artistique, les éditrices et les fabricants. Il y a eu énormément d’allers-retours pour remanier les textes, faire la révision de tous les styles avec des évêques qui vérifiaient et donnaient leur avis sur les moindres détails. Cela a duré 6 mois. C’était vraiment très intéressant et prenant ! « Une chose est sûre, le processus de validation et les allers-retours auraient pris beaucoup moins de temps. »

Julie : Je me souviens d’un gros projet dans mon ancienne entreprise :« Il s’agissait d’un livre de près de 600 pages sur l’histoire du cinéma polonais. Avec 400 photos, 3 index… j’ai travaillé dessus pendant 1 an. » À J2S, c’est mon premier projet qui m’a le plus marqué : l’automatisation de la revue mensuelle RF Comptable du Groupe Revue Fiduciaire « Tout juste arrivée chez J2S, j’ai découvert de nouveaux outils, de nouvelles méthodes de travail… Et, en 3 mois, grâce à Simple Workspace et Book Generator, j’ai réussi à mettre en place la génération automatique des numéros de la revue ! » C’est satisfaisant de voir la mise en page s’automatiser au fur et à mesure du paramétrage et de se dire que le travail que l’on fait une fois sert ensuite à traiter toutes les futures parutions.
« Et lorsque je découvre un livre ou un magazine en librairie, je suis fière de me dire que j’ai contribué à la réalisation de cet objet physique ! 🙂 »

 

 

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Vous l’avez compris Maria et Julie sont des expertes de la publication de livres.
Cet entretien n’est pas terminé, un deuxième échange sera consacré aux différences entre Simple Workspace et les logiciels précédemment utilisés par Julie et Maria.

En attendant, restez connecté·e·s à Chez J2S pour lire la suite de cette interview.

Vous avez un projet de publication ? N’hésitez pas à nous contacter nous serons ravis de vous aider !

Caroline Balavoine,
Marketing, Sales & CSM

 

Retrouvez la deuxième partie de cet échange ici

1– Définition de composition : https://www.cnrtl.fr/definition/composition. Le mot « composition » vient du mot « Photocomposition » : https://fr.wikipedia.org/wiki/Photocomposition. Il faut savoir qu’avant seuls les imprimeurs faisaient de la composition (ou de la photocomposition). Avec l’arrivée du PDF, les frontières entre les différents rôles dans la chaîne du livre sont devenus beaucoup plus vagues.
2– Il s’agit ici d’un texte allant jusqu’au bout d’une boîte texte principale par exemple sans qu’il y ait de veuves ou orphelines. Voir l’image en exemple.

3– Il s’agit d’une page dans laquelle on peut encore ajouter de texte. Toutefois, celui-ci a été chassé à la page suivante pour une raison quelconque (une image, une note trop longue, un paragraphe de trois lignes alors qu’on a de la place uniquement pour deux lignes). Voir l’image en exemple.

4– Il n’existe pas d’équivalent français, pour en savoir plus : http://www.metopes.fr/metopes.html